COMMENT COMPRENDRE LA NATURE HUMAINE POUR MIEUX COMMUNIQUER

Découvrez comment l'égo et la comparaison sociale influencent nos décisions d'achat. Apprenez à utiliser ces leviers psychologiques dans une stratégie de neuromarketing éthique.

Richard Etienne

10/18/20243 min read

Comprendre l’égo humain pour mieux communiquer : une perspective en neuromarketing

L’être humain est un prédateur social par nature. Cette réalité, souvent dissimulée derrière des normes culturelles et des comportements codifiés, est inscrite dans nos circuits cognitifs les plus profonds. Nous désirons ce que les autres possèdent, mais une fois que nous l'obtenons, nous ne le voulons plus. Ce désir n’existe souvent que pour être le seul à en profiter, même si notre véritable satisfaction ne vient pas de l’objet en lui-même. Elle découle parfois simplement de l’idée que l’autre en est privé ou malheureux. Ce schéma de pensée, aussi ancien que l’humanité, se révèle être une clé importante pour comprendre les comportements d’achat, de comparaison et d’aspiration dans un contexte de neuromarketing.

Le poids de la comparaison : un levier émotionnel puissant

Prenons un exemple simple : dans une classe de dix élèves, si tout le monde échoue à un examen, vous ne serez ni heureux ni en colère. Vous ne serez pas content d’avoir échoué, mais vous ne serez pas non plus fâché, car vous n’êtes pas le seul à avoir échoué. Pourquoi ? Parce que nous n’évaluons pas notre performance dans l’absolu, mais relativement à celle des autres. Cette tendance, appelée théorie de la comparaison sociale en psychologie, est la base même de notre égo. Elle guide nos comportements dans toutes les sphères, y compris celle de la consommation.

En marketing, les marques capitalisent souvent sur cette dynamique. Les publicités ne vendent pas seulement des produits : elles vendent une promesse de supériorité, un moyen de se distinguer. Cette stratégie est particulièrement efficace dans un monde hyperconnecté où les réseaux sociaux jouent un rôle clé. Les individus y exposent des versions idéalisées de leur vie, influençant ainsi les comportements d’achat de ceux qui consomment ce contenu.

Cependant, cette comparaison constante peut engendrer des émotions contradictoires :

Chez certains, elle stimule la motivation et pousse à agir pour améliorer leur situation.

Chez d’autres, elle alimente la frustration, l’insécurité, voire la dépression, surtout lorsque la réussite perçue semble inatteignable.

Ces émotions, positives ou négatives, créent des opportunités pour le neuromarketing, qui s’efforce d’exploiter les circuits neuronaux de l’égo et des émotions pour influencer les décisions.

Les réseaux sociaux : un double tranchant émotionnel

Aujourd’hui, les réseaux sociaux accentuent ce phénomène en présentant des images fallacieuses de la réussite. Les utilisateurs, confrontés à ces illusions, remettent en question leur propre vie. Si cette réflexion peut parfois générer un élan positif pour se dépasser, elle renforce aussi un sentiment de désespoir chez beaucoup.

En neuromarketing, cette réalité est cruciale :

1. Les campagnes publicitaires efficaces jouent sur la peur de manquer quelque chose (FOMO), une émotion amplifiée par la comparaison sociale.

2. Les marques valorisent l’exclusivité, en jouant sur le désir de surpasser les autres.

3. Les émotions négatives sont un point d’entrée puissant : elles permettent aux marques de proposer des solutions qui promettent de combler les insécurités des consommateurs.

Cependant, cette approche soulève des questions éthiques. Comment influencer sans manipuler ? Comment inciter à consommer sans renforcer des schémas destructeurs de comparaison sociale ?

La clé : accepter notre nature et transformer nos faiblesses

Pour les jeunes Haïtiens, comme pour bien d’autres groupes à travers le monde, ces dynamiques sont particulièrement complexes. La situation socio-économique et culturelle limite souvent les opportunités réelles, rendant les illusions de réussite encore plus frustrantes. Pourtant, il est essentiel de rappeler une vérité fondamentale : chacun a son propre parcours, ses propres défis et ses propres ambitions.

Pour les marques, intégrer cette réalité dans leur stratégie neuromarketing peut être un atout :

Plutôt que d’encourager la compétition stérile, elles peuvent valoriser l’entraide et l’authenticité.

En promouvant des messages qui célèbrent la diversité des parcours et des succès, elles se connectent aux valeurs profondes des consommateurs.

Conclusion : vers un neuromarketing éthique

L’humain est, par essence, un être social, motivé par la comparaison et l’égo. Cette vérité peut être exploitée à des fins marketing, mais elle doit être utilisée avec précaution. En transformant les frustrations en solutions, en encourageant l’acceptation de soi et en valorisant les succès individuels, les marques peuvent non seulement mieux vendre, mais aussi mieux communiquer.

Le défi du neuromarketing éthique est donc d’honorer la complexité humaine tout en respectant les limites morales. Dans un monde en quête de sens, il est temps de réconcilier le marketing avec des aspirations plus authentiques et humaines.

Lire aussi: Le Pouvoir des couleurs